lundi 29 novembre 2010

INTERVIEW : MARC PARLE DE SES INDULTOS

Marc s'est bien volontiers prêté au jeu des questions préparées par Lauriane ,Babeth et Anais.


1. As-tu vu immédiatement que Deheso serait un bon novillo ? A quel moment tu as su que tu allais l’indulter ?

J’ai rencontré pour la première fois Deheso au campo, lorsque je suis allé le voir, peu avant Rodilhan. Olivier Fernay avait confiance en ce novillo : il était bien fait et laisser présager une possibilité de triomphe.
Lorsqu’il est sorti dans l’arène, il s’est montré très brave et très enracé. Pourtant, lorsqu’il s’est présenté au capote, je n’ai pas tout de suite remarqué toutes ses qualités.
Ce n’est que lors du deuxième tercio, que j’ai commencé à remarquer en lui bon nombre de choses, même s’il restait assez sur sa retenue. Il est allé à mas. Et, c’est lorsqu’est arrivé le moment de la muleta, que je me suis réellement rendu compte de son potentiel. Il avait toutes les conditions requises pour être gracié.
Le véritable déclic, je l’ai eu lorsque, au moment d’aller chercher l’épée, le président a remis la musique. C’est là que je me suis dis qu’il serait indulté.

2. Quelles sensations éprouves-tu lors d’un indulto ?

Lorsque l’on indulte un toro, on ressent des sensations très fortes dues à une grosse part de fierté : c’est un moment important auquel on est heureux de participer.
L’indulto résulte, mise à part les qualités du toro, de la prestation du torero : il doit savoir le montrer et emporter l' adhésion du public.
C’est la deuxième fois que j’indulte un toro et la sensation reste la même : beaucoup de fierté, de joie car il s’agit d’un moment rare, mais aussi de responsabilité car cela engendre pour l’éleveur quelque chose d’important pour la suite.

3. Après Pionerito en 2006, tu gracies Deheso , les sensations étaient-elles les mêmes ?

Non, pas exactement mais quand même assez similaires.
Pionerito était le premier. Pour moi c’était quelque chose de tout nouveau, une sensation inconnue, une véritable découverte.
Pour Deheso, la sensation a été toute autre. J’ai beaucoup plus vu venir la chose et donc participer beaucoup plus qu’avec Pionerito.
De plus, et pour la petite histoire, j’avais failli le vivre quelques mois plus tôt à Marbella. J’étais donc beaucoup plus enclin et prédisposé.

4. Quel est l’importance d’un indulto ?

Un indulto est important aussi bien pour l’éleveur que pour le torero.
Pour l’éleveur, pour Olivier Fernay, il s’agissait du premier indulto de la ganaderia. C’est une véritable reconnaissance et l’aboutissement d’un travail. Et dans la sélection, le toro (ou novillo) indulté deviendra un futur semental.
Pour le torero, l’indulto représente quelque chose de rare. Pour ma part, il s’agissait de la seconde fois mais pour d’autres, ils ne connaîtront peut-être jamais ce sentiment… Pardonner la vie à un animal, c’est vraiment quelque chose de très beau.

5. Tu dois choisir des toros chez Millares ou chez Fernay et Virgen Maria , prendrais tu des descendants de Pionerito et de Deheso ?

Obligé !! (dans un grand éclat de rire )

6.Tu es vraiment à ton aise devant les toros de Fernay et de Virgen Maria , est ce un avantage pour toi de tienter très souvent leurs vaches ?

Oui, c’est un avantage certain.
J’ai l’habitude de cet élevage. Je connais leur évolution au cours de la lidia, leurs qualités. Pour connaître un élevage, il faut y tienter souvent, cela aide énormément.
Dans le cas de Deheso : le vendredi juste avant Rodilhan, j’avais tienté chez Olivier Fernay. La vache qui était sortie était la sœur de Deheso. A Rodilhan, le novillo est sorti avec les mêmes caractéristiques que la vache : peut-être légèrement moins de moteur mais exactement la même manière de se déplacer…

7. Tu as pu tienter , en 2009 , une des filles de Pionerito , te languis tu d’en faire autant avec les filles de Deheso ?

Oui, énormément !
Mais j’ai aussi un peu d’appréhension. Lorsque l’on indulte un toro, il y a une vraie responsabilité qui apparaît. Le jour où je suis allé tienté l’une des descendantes de Pionerito, j’ai eu une boule au ventre le temps d’un instant. Je me sentais responsable de ce qui allait sortir.
L’histoire ne s’arrête généralement pas à l’indulto… On s’intéresse toujours à la suite : ce que donne le toro comme semental, ce qu’il devient, etc. Et on est forcément impatient de tienter la 1ère vache pour savoir ce que va donner cette descendance.

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